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 un début à tout

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3 participants
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stef73

stef73


Nombre de messages : 4
Localisation : albertville
Date d'inscription : 29/04/2006

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MessageSujet: un début à tout   un début à tout EmptySam 29 Avr à 14:52

bonjour à tous, j’ai 33 ans tout juste, et je vis actuellement en savoie. je reprends ci-après un texte que j’avais laché sur un forum aujourd’hui disparu, qui raconte un peu mon parcours de séropositif. le ton peut paraitre un peu sombre, mais le moral est au beau fixe! (enfin ça dépend des jours!)


23 juin 1999. après midi. je suis au travail.
à cette époque, je cumule les boulots. le matin avec une compagnie de théâtre, l’après midi dans une boutique de vêtements, la nuit en discothèque.
de temps en temps des extras pour des amis qui tiennent un restaurant et des piges pour un mensuel.
pas beaucoup de temps. mais j’en ai pas encore assez pour faire toutes les choses que je voudrais faire.

et puis un coup de téléphone. “bonjour, c’est le laboratoire... il faudrait que vous preniez contact avec votre médecin de toute urgence.”
j’appelle mon patron et lui dis que je ferme la boutique pour une heure.
-“pas de problème”

je savais à ce moment ce que mon médecin allait m’annoncer. mais tant que je ne l’avais pas entendu, ça ne devait pas être vrai. ou autre chose.
j’étais allé le voir quelques temps auparavant pour un eczéma. on en a profité pour faire une batterie de tests sanguin. comme à notre habitude.
je savais ce qu’il allait me dire.
mais tant que le mot était pas lâché. ça pouvait pas être vrai. c’était pas possible. j’étais forcément plus fort que tout le monde.
ça ne pouvait pas être pour moi.

“séropositif”...”vih”...”traitement de toute urgence”...” charge virale élevée”
dans ses phrases, je ne retiens que l’essentiel. je reste souriant. zen.
c’est pas si grave.
je sors de son cabinet. il faisait beau.
et ses mots qui reviennent en boucle: vih...séropositif...traitement...
ça y est j’ai compris. je m’écroule. rien ne sera plus pareil.
mais c’est pas si grave.

j’appelle mon ami qui est chez sa mère. (ça va pas très fort entre nous en ce moment.)
il faut qu’il revienne rapidement pour faire un test. mais c’est pas grave. je suis là. on est deux.
le verdict tombe pour lui quelques jours plus tard. il s’en doutait. ça ne pouvait pas être autrement. il fallait “qu’on soit pareil”. ensemble on pourra faire face.
matinées à l’hôpital. tests complémentaires. questionnaires. traitement de cheval.
je ne peux plus allé travailler.
mais c’est pas grave. on va faire autrement. se concentrer sur le traitement. sur mon histoire amoureuse.
“si on en ai là, c’est de ta faute. tu nous as tué”. s’il le dit, tous les jours, à chaque disputes de plus en plus fréquentes, alors ça doit être vrai. je suis responsable. je suis méchant. je suis un tueur.
et ce traitement dégueulasse, qui nous fait vomir nos tripes. qui m’affaiblit un peu plus chaque jour.
il s’en va. c’est trop pour lui.
- “et pour moi alors?”
c’est pas si grave. on va se ressaisir.
je reprends mes études. je vais faire quelque chose de “sérieux”. je vais faire du droit. fini le théâtre. fini la vie nocturne. je travaille au tribunal.
je suis seul; mais c’est pas grave. tous ces gens qui défilent aux audiences et dont les problèmes sont autrement plus graves que les miens.

septembre 1999
-”docteur, j’ai une tâche bleue sur le bras”
examen. biopsie. sarcome de kaposi.
-“ha ouai!?” (ça n’arrive pas plus tard normalement?)
c’est pas grave. on va gérer.

j’ai eu des amis un jours?
il en reste quelquepart. heureusement. mais ils ne méritent pas que je les ennuie avec mes histoires.

décembre 1999
je n’arrive plus à monter les escaliers qui mènent à mon appartement. je vis au quatrième. pourvu qu’il n’y ai pas de voisins qui me voient. je suis à quatre pattes. il me semble que je n’arriverais pas au bout.
le samu m’emmène à l’hôpital.
-”on va arrêter l’azt dans ta tri thérapie. tu fais une anémie. on va te garder.”
c’est pas grave, mais là, ça commence sérieux à me gonfler
“tant qu’on y est. on va démarrer une chimiothérapie pour se débarrasser des tâches.”

génial l’an 2000!

je ne peux pas rester en ville. il me faut du calme. après plusieurs mois d’hospitalisation, je décide de rentrer chez ma mère en savoie.

je m’isole.

et puis je rencontre un chouette gars. nous étions dans le même lycée.
il est revenu chez sa mère lui aussi. il avait besoin de prendre du recul.
je ne veux pas de relation. pas maintenant. c’est pas le moment.
il insiste. ce n’est pas un problème pour lui. on est ensemble. c’est ce qui compte.
allez!

je me reconstruit. je recommence à sortir. me faire un nouveau cercle d’amis. c’est la fête.
je sors. on sors. tous les soirs. ensemble. pas grave. je suis guéri. et puis c’est pas vrai toutes ces conneries. je vais bien. c’est sûr.
je sors, je bois, je suis amoureux. je m’extasie de musiques actuelles dans les clubs.
j’avais bien dit que j’étais le plus fort.

avril 2001
un nouveau job? chouette! je prends. c’est le moment. un poste important? je le mérite bien! retour en ville.

la vie reprend un rythme soutenu. le pire est passé.

“je suis un sale mec qui a le sida”
on me l’avait jamais dit comme ça. et je crois même que j’avais pas compris encore ce qu’était le vih. je voulais oublier ce que c’était. pas envie de comprendre.
mais là je devais bien regarder la vérité en face. c’est mon compagnon, le garçon que j’aime, qui le dit.
il ne peut plus supporter. je suis dangereux pour lui. il a peur. il part.

septembre 2002
je reprends une nouvelle chimio. les tâches sont réapparues en plus grand nombre et j’ai des difficultés à marcher.
c’est pas grave. une cure toutes les semaines. ça va pas m’empêcher de travailler.
et puis c’est les jambes qui vont pas. pour le reste, on ne dirait même pas que je suis malade. j’eviterai à l’avenir de me mettre en short ou d’aller à la plage.
tant que j’y suis, j’éviterai aussi de rencontrer un gars de peur de me confronter à son regard et à ses questions.
une solution comme une autre.

avril 2003 je suis licencié pour inaptitude.

juillet 2003
je suis seul. et il faut reprendre une autre ligne de chimiothérapie plus puissante.
je reviens en savoie.
les cures se suivent, comme les séjours à l’hôpital.

périodes de mieux. j’en profite pour voyager.
c’est pas si grave

quoi? on est en 2006?... déjà?

il serait peut être temps de reprendre le cours de la vie, et je m’y emploie.
j’ai encore des cures de chimio, mais ca ne m’empêche pas de bouger. suffit de s’organiser.
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Breizhounig
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Breizhounig


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Localisation : 29 85 17 64 35 76 50 62 non non je suis pas dans le milieu du cirque
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MessageSujet: Re: un début à tout   un début à tout EmptyDim 30 Avr à 2:08

euh..... (petite minute de calme) voilà ca va mieu. Bah ouai bah.... euh....
Très boulversant en tout cas pour moi jcrois que j'ai jamais encore lu la vie d'un seropositif de la lecture de son bilan a aujoud'hui... pourtant jcrois que jm'y étais préparé... gloups je respire ca passe.
C'est vraiement... émouvant (c'est le mot?).
Ca fait l'effet d'une bombe chez moi là... Ca mfait réfléchir "et si mon telephone avait sonné..." c'est bien beau des films genre philadelphia etc mais là c'est toi c'est qqu'un qui m'apporte son temoignage c'est un très beau cadeau que tu nous fait de te confier ici. D'habitude jlaisse pas voir mes sentiments sur les forums mais là jss réellement touché peut etre parce que comme je l'ai dit c'est un temoignage vrai de la part de celui qui l'a ecrit et que d'habitude jtombe sur des seronegs qui ont un doute. Je me suis toujours posé la question de l'avant du pendant l'ouverture de la lettre mais pas du après en tout cas pas du après lecture du mot positif.
Je sais pas si jme fait bien comprendre en tout cas merci d'avoir fait le pas de m'expliquer.Meme si je .... jsais meme plus ce que jveux dire. en tout cas ca mperturbe là jss un peu vaseux là en plus... mais j'ai toujours vu les gens dire "c'est negatif" ou alors "oh oui j'ai su ya longtemps mais ca va bien". Là t'as détaillé comme jle souhaitais au moins une fois. Jte remercie de m'eclairer sur cette partie si obscure a mes yeux. C'est là que je me dis que jconnais pas bien les seropos ac qui jdiscute putain ca mfait fliper maintenant... je sais c'est con j'aurai du m'en douter mais jvoulais pas trop imaginer et là jss devant le fait... pfiou....
Please i need a kleenex.
Je reposterai un truc plus tard pour bien mfaire comprendre jvoulais juste te montrer mes premieres sensations...
Comme disait ma mere "tu pisseras moins au lit"
J'oubliais jcrois jsais meme plus c'est dta faute là jvois plu grand chose donc oui bah bienvenue.
C'est bien toi que j'ai rencontré sur le chat de sidamis c'est ca?
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stef73

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MessageSujet: Re: un début à tout   un début à tout EmptyLun 1 Mai à 11:02

effectivement nous avons tchaté l'autre soir sur sidamis..

désolé breizounig, je ne voulais pas te faire pleurer! ni même, je voulais me plaindre. j'essayais juste de retrancrire le parcours de 7 ans avec le vih. des phases de dénie, aux phases de colère, d'abandon, de doute, de combat...

et ce qui est vrai pour moi ne l'ai pas forcément pour les autres.

quand j'étais petit on me disait qu'il fallait "souffrir en silence". ça a dû porter ces fruits, car il m'a fallut du temps avant de pouvoir parler du vih ou même de pouvoir le nommer.
aujourd'hui j'ai même appris à en rire...

malgré toutes les contraintes et les désagréments qu'apportent les traitements, je vis paisiblement, du mieux possible, je profite de la moindre occas' pour faire la fête et bouger.

néammoins, je suis toujours rattrapé par la réalité du quotidien, la confrontation aux regards des autres, les effets secondaires etc...
il suffit de s'organiser, ne rien laisser paraître.. (j'ai souvent l'impression que ça emmerde les gens lorsqu'on expose ses problèmes, et puis chacun a son lot...)

d'où la nécéssité de ce genre de forum, et je trouve très louable ton initiative, même si je n'en saisis pas tout à fait le but personnel, puisqu'il me semble que tu n'es pas concerné.

merci en tout cas de me permettre de m'exprimer sur ce sujet.

pour terminer, je citerai Roger Nimier : "Il faut vivre sous le signe d'une désinvolture panique. Ne rien prendre au sérieux, tout prendre au tragique"

scratch
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Breizhounig
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MessageSujet: Re: un début à tout   un début à tout EmptyLun 1 Mai à 12:34

Le but personnel...Bonne question... je m'ouvre vers autre chose et ca me donne beaucoup. En maturité meme si parfois.... en ecoute... pour le choix des mots... l'ouverture aux autres... la pluralité des personnes que je rencontre.... la tolérance etc etc etc etc etc etc Ca m'apporte beaucoup. Bon bah content que tu prennes bien sur toi.
Encore une fois bienvenue mais ce coup ci avec les yeux secs.
Ciao man. Wink
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JOVANOVIC

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MessageSujet: Re: un début à tout   un début à tout EmptyMar 2 Mai à 14:33

Bonjour à toi et bienvenue sur sidaforum,

Ton mail m'a énormément touché, pour de multiples raisons, tu as bcp de courage face à une maladie qui ne laisse aucun répi.

J'ai un peu du mal à trouver mes mots un peu du mal à commenter parce qu'à travers toi cela me rappel bcp de souvenirs de quelqu'un de cher que j'ai perdu. Et bien tu sais quand je lis un témoignage comme le tien je sais pourquoi je me bats contre cette maladie, malgré le fait que je sois séronégative et que je puisse m'en désinteresser. J'ai deux fils et aujourd'hui je sais qu'ils ne sont à l'abris de rien, et je pense que chaque parent chaque être humain doit se sentir concerné par cette maladie.

Ce forum est là il a le mérite d'exister et recevoir un témoignage comme le tien montre à quel point il est utile.

Voilà comme je te l'ai dit les mots on du mal à venir, c'est d'habitude pas mon genre, mais voilà, j'espére que bcp de séronégatif liront ce message et seront interpellé pas simplement pour la prévention mais pour ouvrir leur coeur, pour donner leur amitié et leur amour à des personnes comme toi, un peu de leur temps, prendre le temps de s'arrêter d'y penser et de soutenir.

Merci en tout cas.

Nath
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