Réveiller les français

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LE 31 MARS PROCHAIN, les principaux médias audiovisuels français mettront entre parenthèses leur concurrence acharnée l’espace d’un week-end pour former une «chaîne des chaînes» contre le sida. Pour la première fois, le Sidaction sera lancé par un même programme, compte à rebours effectué par un représentant de chacune des huit chaînes télé et des sept radios.

Avec ces deux jours de solidarité et de réveil national contre le VIH, Pierre Bergé, président de l’association Sidaction, entend lutter contre «les fausses croyances qui font que 29% des Français pensent qu’il existe déjà un vaccin contre le sida, que 35% d’entre eux croient que les médicaments parviennent à guérir le sida et que, parmi les personnes ayant eu un nouveau partenaire, près de 40% n’utilisent pas systématiquement de préservatif».

Alors que la progression de l’épidémie semblait être ralentie en France – le ministère de la Santé situant le nombre de contaminations annuelles entre 3 000 et 4 000 –, ce sont au moins 7 000 nouveaux diagnostics d’infection à VIH qui ont été recensés en 2004. Et si nombre de Français tendent à se déresponsabiliser en associant presque exclusivement le sida «aux drogués et aux homosexuels», les chiffres des nouvelles contaminations de 2004 affichent une réalité différente. Ainsi, 2 % sont des usagers de drogues par voie intraveineuse et 24 % sont des homosexuels masculins, tandis que 17 % sont des hétérosexuels de nationalité française, 32 % sont originaires d’Afrique subsaharienne et 12 % ont entre 15 et 24 ans. Au total, au moins 150 000 personnes sont séropositives en France, dont 32 000 femmes, et l’activité de dépistage se maintient à un niveau élevé puisque 4,9 millions de tests de dépistage ont été effectués en 2004.

Chaque jour, trois jeunes contaminés. La récente croissance des nouvelles contaminations témoigne du chemin qu’il reste encore à parcourir en termes de prévention de terrain, en particulier, auprès des jeunes et des publics les plus éloignés de l’information. «Chaque jour en France, trois jeunes de moins de 25ans sont contaminés par le sida. Ce n’est pas normal, surtout chez cette génération qui a toujours grandi avec le sida en triste toile de fond», ajoute Pierre Bergé. L’association Sidaction estime de plus que «la politique de prévention soutenue par l’ensemble de l’appareil gouvernemental ne s’accompagne pas d’une parole publique forte, notamment au niveau de l’Education nationale, où l’implication du personnel scolaire doit être plus grande et les actions inscrites dans les programmes scolaires». Sidaction a mis en place en 2005 avec le ministère de l’Education et la Ligue de l’enseignement des actions d’information, de sensibilisation et de prévention dans les classes de première, à l’occasion de la Journée mondiale du 1er décembre.

L’aide aux personnes touchées par la maladie constitue l’un des autres chevaux de bataille de Sidaction. Le sida précarise. Pour les séropositifs, le risque de perte d’emploi est très important : «Vingt-quatre mois après avoir découvert leur séropositivité, près de 50% d’entre eux ont perdu leur emploi. Pourtant, plus de 60% des séropositifs qui ne travaillent pas ont un projet d’accès ou de retour à l’emploi.» En 2006, Sidaction entend centrer son action sur «la lutte contre la précarité pour permettre un accompagnement social individualisé, l’accès aux droits des personnes, leur autonomisation progressive et l’accès à des dispositifs d’hébergements».

Appels d’offres. La recherche, enfin, reste le noyau central de cette lutte contre un virus qui touche plus de 40 millions de personnes dans le monde. En 1996, la commercialisation des multithérapies a permis de réduire considérablement la mortalité. Mais les médicaments actuels ne permettent toujours pas d’éradiquer le virus et, s’ils ne sont pas pris correctement, peuvent créer des conditions favorables à l’émergence de virus mutants ou résistants. Sans oublier les personnes en situation d’échec thérapeutique sévère (6 % des patients traités, selon le rapport Delfraissy de 2004).

Or la recherche française sur l’infection à VIH manque de moyens, malgré l’existence de l’Agence nationale pour la recherche sur le sida et les hépatites (Anrs). Pour sa part, l’Agence nationale pour la recherche (ANR) n’a pas encore inclus la thématique VIH/sida dans ses appels d’offres. Dans ce contexte, «Sidaction souhaite maintenir la qualité de son soutien à la recherche par trois nouvelles sessions d’appels d’offres scientifique et médical qui vont mobiliser une enveloppe de 3millions d’euros. En parallèle, le suivi des projets en cours (plus de 150 aides aux équipes et/ou bourses de recherche) sera assuré ainsi que l’évaluation des projets arrivés à échéance», indique Yves Lévi, président du comité scientifique de l’association.

Après avoir récolté plus de 4,5 millions d’euros l’année dernière, l’association Sidaction entend mobiliser davantage la population et donc offrir plus de moyens à la lutte contre le fléau. Dès le 23 mars, un spot d’appel à la générosité du public sera diffusé sur les antennes des nombreux partenaires médiatiques de l’association. Le « 110 », numéro destiné aux promesses de dons, sera en outre affiché de façon presque permanente sur les écrans. Ce numéro sera ouvert à compter du 20 mars et jusqu’au 15 avril. Les dons peuvent également être faits par carte bancaire sur le site de l’association (www.sidaction.org). La moitié des fonds collectés ira à la recherche, l’autre moitié à la prévention et à l’aide aux malades. > DAVID BILHAUT

Ces chiffres sont allarmants il est vraiement temps de faire quelque chose ca mfait mal au coeur de lire les stats...