Truvada: Emtricitabine plus ténofovir disoproxil (Quotidien du Médecin)
La mise sur le marché de Truvada, association fixe de deux antirétroviraux déjà disponibles, l’emtricitabine 200 mg (Emtriva) et le ténofovir disoproxil 245 mg (Viread) devrait contribuer à simplifier le traitement anti-VIH à la fois pour les médecins et pour les patients.
DEPUIS DIX ANS, la prise en charge des patients infectés par le VIH a considérablement été modifiée par les trithérapies. Les traitements permettent une durée de vie de vingt à trente ans, voire plus, d’où la nécessité de traiter tous les patients. Pour le Pr Katlama « on sait de mieux en mieux traiter, mais, de toute façon, on n’éradique pas le virus et les traitements visant à une indétectabilité seront à vie ».
Au fil du temps, la famille des antirétroviraux s’est agrandie (INTI, analogues non nucléosidiques, inhibiteurs de protéase, de fusion, inhibiteurs de récepteurs, inhibiteurs de l’intégration...). Les traitements ont évolué et on tend vers de nouvelles combinaisons, vers une simplification, ce qui facilite l’observance.
Une fois par jour au cours d’un repas. Truvada s’inscrit dans cette simplification du traitement avec un comprimé une fois par jour au cours d’un repas même léger. Cette association fixe contient deux principes actifs appartenant à la classe des inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques de la transcriptase inverse du VIH, ou INTIS, qui bloquent une enzyme indispensable à la réplication virale. Capable d’être associé à d’autres antirétroviraux, Truvada empêche la réplication du virus et contribue également à diminuer la charge virale, à augmenter le nombre de lymphocytes T CD4, ce qui aboutit le plus souvent à une amélioration de l’état général du patient et à une diminution de la probabilité de survenue du sida.
L’autorisation européenne obtenue pour Truvada est fondée sur la démonstration du bénéfice apporté par cette association (emtricitabine-fumarate de ténofovir disoproxil) chez des patients infectés par le VIH, n’ayant jamais reçu de traitement antiviral. Parmi les études comparatives réalisées, on peut citer l’étude 934 sur des patients infectés par le VIH mais naïfs de tout traitement, comparant l’association en une prise par jour de Viread Emtriva Sustiva (éfavirenz 600 mg), à l’association en deux prises par jour de Combivir (lamivudine/zidovudine 150/300) Sustiva.
Au bout de quarante-huit semaines, il ressort que les patients traités par Truvada Sustiva obtiennent et maintiennent plus souvent un taux d’ARN VIH inférieur à 400 copies par ml, ont un gain de cellules CD4 significativement supérieur, surtout moins d’effets indésirables entraînant l’arrêt du traitement que les patients traités par l’autre association médicamenteuse. Il faut signaler que l’apparition d’infections opportunistes ou autres complications liées à l’évolution par le VIH est toujours possible avec Truvada comme avec d’autres traitements antiviraux.
Informer le patient sur la transmission sexuelle. Malgré les progrès réalisés dans le combat contre le VIH, il faut toujours informer les patients que rien n’a jamais été démontré sur l’efficacité des traitements antiviraux, y compris le Truvada, sur le risque de transmission du virus VIH par contacts sexuels ou par contamination sanguine : les précautions adaptées doivent toujours être prises. Rappelons que le nombre de personnes vivant en France avec le VIH/sida est estimé à 120 000 (seulement la moitié sont en cours de traitement antirétroviral).
D’après une conférence de presse, avec intervenant le Pr Christine Katlama (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), organisée par Gilead Sciences, une entreprise biopharmaceutique spécialisée dans le développement des médicaments innovants. Le siège de Gilead est à Foster City en Californie, la société dispose de filiales en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.
Martine DURON-ALIROL